Jean-François PERRIER
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles :
L'homme y passe à travers une forêt de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, vert comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.(Baudelaire, Correspondances, Les Fleurs du Mal, 1857)
Venir en Guyane, c'est aussi se plonger dans un Département grand comme 1/5 de la France (voir carte) et recouvert en grande partie par la forêt amazonienne (voir photo).
Mais pour apprécier vraiment l'étendue végétale,
il faut s'y plonger, et ne pas hésiter à y passer la nuit, pour
s'imprégner de ses couleurs, de ses bruits (
Paipayo) et de ses odeurs (ndlr : inutile de coller le nez sur votre écran,
le multimédia ne permet malheureusement pas tout!).
La question la plus fréquemment posée à propos de ce
département est (je résume) "Est-ce qu'il y a des bêtes
?". A cette question, je ne peux que répondre par l'affirmative
: Heureusement que ce n'est pas stérile ! Mais le touriste peut se rassurer
: il aura peu de chance de rencontrer un animal sauvage au détour d'un
chemin (
Singe hurleur).
En fait, le seul animal qui s'attaque à l'homme, c'est ... le moustique !
Avec beaucoup de patience et un peu de chance, on peut cependant arriver à voir quelques animaux : cabiaï, paresseux, iguane, singe, oiseaux...
Un grand journal métropolitain (qui ne mérite même pas que son nom soit cité ici) a écrit que, où qu'on aille, un félin nous suivait et nous suveillait sans se montrer. Voila encore un bel exemple d'article écrit par des "journalistes" qui n'ont jamais mis le pied en Guyane. Ce genre de remarque entretient la peur inconsciente de la forêt, et permet surtout de faire vendre leur feuilles de chou ! Le véritable risque est plutôt de se perdre si l'on quitte les sentiers balisés ou si l'on n'a pas pris soin de marquer son passage tel un Petit Poucet.
Les animaux réputés dangereux (serpents, mygales, caïmans, jaguar...) sont au contraire la proie des chasseurs et des braconniers qui les recherchent pour leur vertus culinaires ou décorative. La bande côtière est ainsi vidée de la plupart du gibier.
Ce ne sont pas les 80 millions investis par EDF pour sauver quelques dizaines d'animaux et se donner bonne conscience après la mise en eau du Barrage de Petit-Saut qui permettront de réparer les dégats des chasseurs.
Alors, à quand des élevages de cabiaï, caïmans, aras, pécaris et autres cochons-bois ? Les programmes de recherche dans le domaine animal ont été stoppés faute de moyens et de volonté des décideurs. Espérons que les quelques tentatives empiriques observées ça et là permettront de déboucher sur de véritables élevages dont les produits viendront satisfaire la demande toujours croissante du marché.
A perte de vue
Anciens polders près de Guisanbourg
Liens sur le même
thème : Recherches de l'Orstom
[Homepage Guyane] © 2 juin 1996, JF
Perrier