Jean-François PERRIER
El oro del lejano imperio les atraia
Como la luna a las piedras malditas
(Pablo Neruda - Canto General)
L'Eldorado, ce mythe connu de tous, repose sur des bases réelles : le plateau des Guyanes, vieux socle précambrien, renferme de l'or. De l'or alluvionnaire et quelques filons.
Bon an, mal an, les
orpailleurs de Guyane et les sociétés minières extraient
quelques tonnes d'or en Guyane. Certes, la ressources existe parfois
et fait la fortune de certains, mais ne peut expliquer à elle seule la
fièvre des orpailleurs. Ce métier est une vaste loterie, où
la chance sourit parfois aux audacieux.
Ce métier difficile nécessite beaucoup de savoir-faire et des investissements colossaux. Cela se traduit sur le terrain par la présence de plus en plus importante de grosses sociétés minières, seules capables d'avancer les capitaux nécessaires à une prospection toujours plus difficile (voir en fin de page les documents fournis sur le web par l'une de ces sociétés).
Ma première visite d'une mine d'or remonte à Décembre 1994. Jeune VAT fraichement débarqué en Guyane, j'ai été invité à la traditionnelle sortie annuelle des agents de la DRIRE (Direction Régionale de l'Industrie, de la Recherche et de l'Environnement). Cette année là, il s'agissait de la visite du site le plus moderne du moment: la mine de Changement.
Après un parcours inoubliable en rase-motte au dessus de la forêt amazonienne dans l'un des hélicoptères loués pour l'occasion, nous avons aterri dans la clairière artificielle de la mine.
Rien ici qui ressemble à l'idée que je me faisais jusqu'alors d'une mine. Des engins de chantiers qui déplacent des tonnes de terre ocre. D'énormes machines pour concasser la roche. Des tas de terre avec un dispositif d'irrigation digne des terres arides du sud-ouest de la France. Mais point de métal brillant!
Et le plus fort, c'est que cette mine retraite en bonne partie des matériaux laissés autrefois par une ancienne mine pour en extraire à nouveau une quantité non négligeable d'or.
Eh oui, cette mine utilise une procédé original, la lixivation, pour extraire le précieux métal. On arrose des tas de terre avec une solution cyanurée qui entraîne l'or. L'écoulement est recueilli dans des bassins aux reflets dorés. Une dispositif de filtration concentre le métal sur des charbons actifs qui seront ensuite exportés vers la métropole pour récupérer l'or. Bref, cette mine exporte du charbon de bois!
Et toujours pas d'or en vue. Heureusement, pour
me rassurer, un contremaître a pris une batée pour nous faire voir
les paillettes d'or à la sortie du concasseur. Du grand art! Tourner
la batée de manière régulière pour amener
les particules de plus forte densité au centre. Les bruyantes machines
et les technologies modernes ne sont rien sans le savoir faire de ces hommes
qui contrôlent à chaque instant la présence de l'or par
la méthode traditionnelle.
Après cette visite, nous sommes remontés dans l'hélicoptère pour aller jusqu'au village hmong de Cacao déguster un plat de gibier. Par la suite, je suis souvent revenu à Cacao, en bateau ou par la route, mais l'arrivée en hélicoptères, façon Apocalyse Now, est impressionnante. Impressionantes aussi les têtes des autres clients du restaurant qui se demandaient qui étaient ces VIP qui débarquaient.
Pour plus d'informations : Cour
de l'Or sur Yahoo Golden
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JF Perrier